La culture zombie au Japon et la peur de la contamination par « l’autre »

Culture Cinéma

Des manifestations à petit budget

Ueda Shinichirô (né en 1984) a réalisé un film d’horreur intitulé Kamera o tomeru na ! (Ne coupez pas !, en anglais One Cut of the Dead) qui est devenu en quelques semaines un des plus gros succès du cinéma indépendant japonais. Au moment de sa sortie, le 23 juin 2018, ce long métrage n’était pourtant programmé que dans deux salles de l’Archipel. Mais si l’on en croit son site web officiel, il a affiché complet dans plus de trois cents cinémas dès le mois de septembre. Et grâce à ses grandes qualités, il a réussi à conquérir le public aussi bien des petites salles que des grands complexes cinématographiques.

Affiche du film d’horreur Ne coupez pas ! (Kamera o tomeru na !/One Cut of the Dead) de Ueda Shinichirô (© Enbu Seminar)

Comme son titre français l’indique, Ne coupez pas ! – Un film dans le film – débute dans un entrepôt abandonné de la Seconde Guerre mondiale avec le tournage d’un court-métrage sur les zombies censé se limiter à un seul plan-séquence de 37 minutes. Le résultat est complètement décevant. Et c’est alors que tout commence. Transporté un mois en arrière, le spectateur découvre les coulisses de la réalisation de ce type de films à faible budget. De ce point de vue, on peut dire que Ne coupez pas ! a le mérite d’attirer l’attention du public sur la situation des cinéastes indépendants de l’Archipel. (Note : un remake français est sorti en 2022 : Coupez !, de Michel Hazanavicius, avec Romain Duris et Bérénice Béjo)

Depuis quelques années, les manifestations liées aux morts vivants et en particulier à Halloween sont très en vogue au Japon, et quand vient la fin du mois d’octobre, on voit de plus en plus fréquemment des zombies en train d’errer dans le centre des villes. Le parc à thème des studios Universal Japan (USJ) à Osaka propose tous les ans des « Nuits de l’horreur d’Halloween » où il est littéralement envahi par des zombies à la démarche lente et pesante. Pas besoin de changements de décor importants ni d’installations spéciales. Il suffit d’un certain nombre d’acteurs savamment maquillés en morts vivants pour créer l’ambiance terrifiante adéquate.

Ce type d’attraction s’inscrit dans le cadre de la politique d’encouragement du tourisme et de dynamisation des régions affichée par le gouvernement japonais. Au moment de la fête d’Halloween, la ville de Hiroshima organise une « Nuit des zombies » dans le quartier commerçant de Yokogawa. À cette occasion, un « stand de zombification » ouvre ses portes à côté de la gare de Yokogawa. Ceux qui le souhaitent peuvent s’y transformer en morts vivants moyennant paiement. En 2018, cette nuit destinée à faire « revivre » l’économie locale, s’est déroulé les 26 et 27 octobre.

Suite > L’influence déterminante de La Nuit des morts vivants de George A. Romero

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