Qu’appelle-t-on un « snack bar », au Japon ?

Culture Tourisme

Taniguchi Kôichi [Profil]

Ne pas confondre : « bar », « cabaret-club » et « girls bar »

On me demande souvent, tout particulièrement quand je donne une conférence dans la capitale, quelle est la différence exacte entre un snack, un « bar », un cabaret-club, et un girls bar. En province, ces différences relèvent de l’évidence, ce n’est jamais la question que l’on me pose en premier.

Tout d’abord, la différence entre snack et bar tient à la prédominance de l’alcool ou de la conversation. Dans un bar, la boisson est le maître. L’objectif premier dans un bar est d’apprécier la qualité de la boisson. Il y est possible de bavarder avec le barman ou les autres clients, mais cette fonction est secondaire et accessoire par rapport à la boisson. D’autre part, certains bars facturent un forfait pour la place, mais cette charge n’excède pas 1 000 yens environ. Autrement dit, un bar est un endroit où l’on va pour apprécier l’alcool, pas un endroit où l’on va pour rechercher le plaisir d’une conversation, ce qu’est précisément un snack. Un bar, c’est un endroit dont l’ambiance correspond au fameux poème de Wakayama Bokusui :

Les perles pures d’alcool
qui percent les dents les nuits d’automne
se dégustent dans le calme et le silence

Un girls bar, pour sa part, opère dans la même cadre légal qu’un snack, c’est-à-dire celui d’un « débit de boissons alcoolisées ouvert après minuit ». La principale distinction avec le snack est que le girls bar est essentiellement tenu par des jeunes femmes d’une vingtaine d’années. De façon générique, il n’y a pas de mama. L’âge d’une mama de snack n’est évidemment pas fixé, mais il est globalement supérieur à celui des filles qui servent dans un girls bar. L’alcool y est vendu au verre. Outre le forfait pour l’occupation de la place, le client est censé payer à boire à la fille qui le sert, ce qui fait grimper la recette de l’établissement. Le girls bar se rapproche du cabaret-club dont nous allons parler maintenant, dans le sens où l’alcool a tendance à devenir secondaire par rapport à la couleur plus appuyée du charme féminin que l’on vient y chercher, comparativement à celui d’un snack.

Le cabaret-club, enfin, relève d’une catégorie légale différente, puisque l’endroit doit posséder une licence d’établissement « de mœurs ». Cette licence autorise les serveuses à s’asseoir à côté des clients, ce qui n’est pas permis dans les établissements de débits de boissons et nourriture ouverts après minuit. La note est essentiellement facturée au temps passé, avec des frais supplémentaires pour demander une hôtesse particulière. Le système keep existe parfois, généralement pour des bouteilles de marques à un prix très élevé, mais c’est en général un système de boisson « à la bouteille de la maison » (c’est-à-dire « à volonté ») qui est la base. La présence féminine est souvent nombreuse, sans mama.

Si nous montons encore en gamme, nous aboutissons à la catégorie des clubs de luxe, dont ceux de Ginza sont les plus célèbres. À partir de là, les nuances et sous-catégories sont infinies…

Suite > La culture du snack trouve ses racines en province

Tags

tourisme saké femme loisir

Taniguchi KôichiArticles de l'auteur

Professeur à la faculté de droit de l’Université métropolitaine de Tokyo. Né à Beppu, dans la préfecture d’Oita en 1973. Diplômé de la faculté de droit de l’Université de Tokyo, il poursuit comme doctorant. Membre du laboratoire japonais de promotion des techniques scientifiques, jusqu’à sa nomination à son poste actuel. Spécialité : la philosophie du droit. Auteur de plusieurs ouvrages, dont : « Philosophie du droit des centres commerciaux » ; éditeur de « La sphère publique de la nuit au Japon – Une introduction à l’étude des snack bars ». Président de l’association d’étude des snack bars.

Autres articles de ce dossier