La princesse Mako et l’avenir de la maison impériale

Société

À l’heure où les commentaires des médias sur la famille impériale se focalisent sur le désir d’abdiquer exprimé par l’empereur Akihito, l’annonce des fiançailles imminentes de la princesse Mako, puis son heureux voyage au Bhoutan, ont été reçus comme une bouffée d’air frais. Dans le même temps, le changement de statut de la princesse illustre l’impasse dans laquelle se trouve la famille impériale. En effet, sa taille ne cesse de se réduire, et elle perd un membre précieux à chaque fois qu’une femme quitte ses rangs lorsqu’elle se marie.

Une issue en vue

Depuis quelque temps déjà, l’Agence de la maison impériale s’efforce de convaincre le gouvernement de la nécessité de procéder à une réforme de la Loi de la maison impériale en vue d’éviter une crise. En 2012, quand le Parti démocrate du Japon était à la barre, le gouvernement s’est attelé à cette tâche avec un certain empressement. L’idée était de conserver le principe d’une succession masculine (à laquelle nombre de conservateurs sont très attachés), mais d’autoriser les naishinnô comme la princesse Mako à rester membres de la maison impériale après leur mariage et à fonder leurs propres branches collatérales, à l’instar des princes. D’après un haut fonctionnaire travaillant à l’époque à l’Agence de la maison impériale, l’empereur et l’impératrice souhaitaient que leurs petites-filles restent dans la famille pour apporter leur assistance au prince Hisahito, le futur empereur sur lequel repose le sort de la monarchie.

Dans ce contexte, il semble que l’empereur et l’impératrice aient placé beaucoup d’espoirs sur la princesse Mako. Tout de suite après la naissance du prince Hisahito, survenue en 2005, la princesse Mako, qui avait alors 16 ans, a commencé à figurer de plus en plus souvent aux côtés de ses parents dans l’accomplissement de leurs fonctions officielles. L’empereur et l’impératrice étaient à l’évidence fiers de leur petite-fille, autant pour le zèle avec lequel elle s’acquittait de ses obligations que pour son application à l’étude.

Une résistance conservatrice à la réforme

Mais à la fin de l’année 2012, quand le Parti libéral-démocrate est revenu au pouvoir et que Abe Shinzô est devenu Premier ministre, les projets d’amendement de la Loi de la maison impériale et de révision du statut de la princesse ont été mis en veilleuse. M. Abe et la base conservatrice sur laquelle il s’appuie sont hostiles à cette réforme, dont ils redoutent qu’elle ouvre la porte à une succession féminine.

Puis, en août 2016, l’empereur Akihito s’est exprimé, de façon tout à fait inattendue, sur une vidéo, diffusée à la télévision, dans laquelle il soulignait l’aggravation des difficultés qu’il rencontre dans l’accomplissement de ses obligations en tant que symbole de l’État. En réponse à la demande tacite de l’empereur, le gouvernement a soulevé la question de l’abdication, qui n’est pas prévue dans la loi. Pendant les débats qui ont suivi, l’opposition a de nouveau évoqué la possibilité d’autoriser la constitution de branches de la famille impériale menées par des femmes, mais elle s’est heurtée à une forte résistance.

Finalement, le 9 juin de cette année, la Diète nationale a adopté un texte de loi spécial qui autorisera l’empereur Akihito à abdiquer en faveur du prince héritier Naruhito (âgé de 57 ans). Ce texte s’accompagne d’une résolution appelant à une nouvelle délibération sur des réformes « telles que l’établissement de branches de la famille impériale menées par des femmes ». Sur l’insistance des conservateurs, la formulation de la résolution est restée vague et aucun calendrier n’a été fixé pour les débats.

C’est ainsi que des liens étroits ont été tissés entre le mariage de la princesse Mako et le débat politique à propos de la succession. La princesse, membre apprécié de la famille impériale, est-elle vouée à mener une vie de roturière à l’écart de la monarchie ? Ou bien les dirigeants politiques ouvriront-ils la porte à de nouvelles possibilités susceptibles d’assurer l’avenir de l’institution impériale ? La nation observe attentivement l’évolution de la situation.

(D’après un article en japonais du 9 juin 2017. Photo de titre : la princesse Mako en visite au Bhoutan, le 4 juin 2017. Jiji Press)

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