L’économie japonaise aborde un tournant décisif

Économie

La clé de la réussite réside dans la productivité

Dans la théorie de la stagnation séculaire de Summers, les taux de croissance bas, dus à la faiblesse de l’augmentation de la productivité, s’expliquent dans une large mesure par les antécédents macro-économiques. L’espoir d’un redressement de l’économie japonaise grâce aux Abenomics se fonde sur l’idée qu’une amélioration significative des conditions macro-économiques, pour peu qu’on arrive à l’obtenir, a la capacité potentielle de faire grimper le taux de croissance de la productivité après sa période de faiblesse consécutive à la bulle.

Jusqu’où l’augmentation de la productivité peut-elle aller à mesure que l’expansion de la demande alimente la croissance économique ? La réponse à cette question va dépendre des diverses réformes inscrites dans les stratégies de croissance du gouvernement Abe. La situation sera problématique si l’expansion en cours de la demande génère des pénuries de main-d’œuvre constituant un goulet d’étranglement qui étouffe l’économie. D’où la nécessité d’une augmentation de la productivité pour compenser les pénuries de main-d’œuvre.

Les tendances décrites ci-dessus sont d’ores et déjà en train de se matérialiser dans l’économie japonaise. Le taux de chômage, qui atteignait 4,1 % avant la formation du gouvernement Abe, est désormais descendu à 3,3 %, et bien des secteurs d’activité redoutent les pénuries de main-d’œuvre.

Ces pénuries entraîneront sans aucun doute une hausse des salaires. Le gouvernement espère aussi que les salaires vont augmenter. La question qui se pose est celle de la nature de l’impact que les tendances à l’œuvre sur le marché du travail et dans le domaine des salaires auront sur la productivité.

À supposer que les salaires augmentent de 10 %, les sociétés qui s’avéreraient incapables de faire progresser leur productivité ou leur valeur ajoutée dans la même proportion subiraient une perte de compétitivité. En cas de pénuries sérieuses de main-d’œuvre et de fortes hausses des salaires, beaucoup d’entreprises vont s’efforcer d’augmenter la productivité du travail. Pour ce faire, elles vont revoir leurs modèles de fonctionnement, en investissant dans des équipements économes en main-d’œuvre et en produisant des biens et des services à plus forte valeur ajoutée.

Rien ne garantit que toutes les entreprises vont réussir dans leurs efforts. Celles qui n’arrivent pas à suivre la cadence vont peu à peu rester sur le bord de la route. Mais nombreuses sont celles qui vont obtenir des résultats. À travers ce genre d’ajustement, il sera possible de répondre aux pénuries de main-d’œuvre et d’accroître la productivité du travail de l’ensemble de l’économie. C’est ainsi que cette restructuration sévère, intra et intersectorielle, servira à augmenter la productivité et le taux de croissance de l’économie japonaise.

(D’après un original en japonais publié le 29 juin 2015. Photo de titre : des employés se rendant au travail dans le quartier de Marunouchi à Tokyo. Jiji Press.)

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