Propos sexistes à l’assemblée de Tokyo : une « crise » nationale

Société

L’étude du genre

Prenons un exemple récent, celui de l’essai du critique Nakamori Akio, qui fait débat. Il y analyse la question féminine dans le dessin animé de Disney La Reine des neiges et discute de façon critique le mode de vie d’une partie des femmes japonaises d’aujourd’hui. Ce texte a été rendu célèbre par le refus de la vénérable revue mensuelle Chûô Kôron de le publier dans ses pages.

Son contenu relève d’une analyse psychologique jungienne classique du récit. Pour résumer, il voit dans les personnages des deux sœurs — la sœur aînée de l’héroïne, qui a dû contenir ses pouvoirs magiques pour le bien de sa cadette, retrouve sa place dans la société grâce à son amour pour elle — les deux facettes d’un même caractère ; l’héroïne (la cadette), qui a mis en veilleuse ses propres pouvoirs afin d’obéir à la pression sociale qui lui enjoint de se comporter avec féminité, en se réconciliant avec son aînée qui laisse libre cours à ses pouvoirs et représente la part d’ombre du personnage, atteint la plénitude dans une personnalité unifiée. Cette structure se retrouve également dans Terremer, l’œuvre de l’auteur féministe Ursula K. Le Guin.

Quant aux raisons du refus de la publication de cet essai, on évoque dans le monde de l’édition un problème de railleries sur des femmes proches du pouvoir et la princesse Masako, mais en réalité, personne si ce n’est les parties impliquées n’en connaît les vraies raisons. Cependant, s’exprimer sur des personnalités en vue sous l’angle de la pression du rôle traditionnel de la femme est un tabou qui persiste jusque dans les médias japonais.

En revanche, considérer la pression sociale pour un comportement « féminin » comme une forme d’oppression des femmes, y voir une violation des droits de la personne, est une conception courante dans la société européenne ou américaine. C’est le point de vue de base des études sur le genre. Mais dans la société japonaise, cette conscience est quasiment inexistante. Et on peut même se permettre, dans une assemblée régionale, de déclarer que la place des femmes est à la maison, à faire des enfants. Et ce n’est pas tout. Aux yeux de la communauté internationale, ce pays est aussi celui qui n’a pas refusé la traite des humains, la plus extrême violation des droits de la personne.

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