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Une promenade à Yokohama, dans le plus grand quartier chinois du Japon

Tourisme Gastronomie

Célèbre pour sa nourriture et ses grandes portes bariolées, le plus grand quartier chinois du Japon est l’une des attrayantes destinations de Yokohama. Petite balade à la découverte de quelques charmes gustatifs et de l’histoire du lieu.

Des rafraîchissements sucrés et savoureux

Après une affluence très diminuée durant la pandémie, on peut clairement constater que l’animation est de retour à Chûkagai, le quartier chinois de Yokohama. Quand j’y suis arrivé à 9 h 30 un jeudi matin, j’ai constaté qu’il y avait encore beaucoup d’espace pour vagabonder et apprécier l’atmosphère des lieux avant que la journée ne commence vraiment. Le plus grand Chinatown du Japon est rempli de restaurants chinois, aux plats et à la décoration traditionnelle, mais aussi de stands de nourriture et de boutiques de souvenirs.

Au centre du quartier, on trouve le Kanteibyô (« Kuan Ti Miao »), un temple dédié à Guan Yu, un général chinois du IIIe siècle qui a ensuite été vénéré en tant que divinité de la prospérité. Bâti en 1871, le bâtiment a été reconstruit trois fois après ses nombreuses destructions, et sa dernière incarnation date de 1990. Les différentes sections des décorations ornées du temple viennent de Chine et de Taïwan.

C’est cependant la nourriture qui représente le principal point d’attrait pour les visiteurs. À 10 heures du matin, la plupart des boutiques sont ouvertes, et j’ai donc décidé d’essayer trois variations de plat sur le même thème, en commençant par Edosei, une chaîne qui existe depuis plus d’un siècle (1894) et qui a ouvert trois boutiques dans le quartier. Son produit phare ? Le butaman, un pain à la vapeur fourré au porc, et dont les proportions sont plus que généreuses.

Un butaman de Edosei (à gauche) et un châshû melonpan de Saiyûki (© Nippon.com)
Un butaman de Edosei (à gauche) et un châshû melonpan de Saiyûki (© Nippon.com)

Juste en bas de la rue principale, le magasin Saiyûki ajoute un peu de douceur au porc grillé châshû (« char siu ») en l’intégrant dans une célèbre pâtisserie japonaise, le melonpan (« pain melon »). J’ai acheté un paquet de deux châshû melonpan (550 yens) pour s’accorder avec le butaman de Edosei (à 600 yens). Les petits pains fourrés que je voulais essayer à Roîshin étaient encore en train d’être cuits à la vapeur, et je suis donc allé déguster mes encas précédemment commandés en m’asseyant dans le parc Yamashitachô situé non loin.

Le butaman est un sandwich copieux composé d’un pain blanc moelleux contenant une juteuse viande de porc, ainsi que quelques légumes et fruits de mer. C’est un exemple de première classe de ce type de plats à manger sur le pouce dont les habitants du quartier sont si friands. Mais le châshû melonpan était pour moi une expérience tout à fait différente. La fine croûte beurrée se marie parfaitement avec le goût savoureux du porc, et j’ai même senti qu’on aurait pu augmenter la part du melonpan dans cette combinaison.

Je suis ensuite allé chercher les pandaman fraîchement cuits à la vapeur de Roîshin. Ces brioches avec des têtes de panda ont été tout d’abord lancées dans une version à la crème de chocolat, et sont aujourd’hui vendues avec toutes sortes d’ingrédients : porc, légumes et anko (pâte de haricot). J’en ai acheté un au chocolat, et un aux fraises (380 yens chacun). L’épais anko à la crème de chocolat ainsi que la brioche à la fraise étaient tous deux subtilement sucrés, et cette douceur n’a pas manqué de ravir mon palais.

Les pandaman à la crème à la fraise (à gauche) et au chocolat s’appuient sur la popularité de l’animal star de la Chine (© Nippon.com)
Les pandaman à la crème à la fraise (à gauche) et au chocolat s’appuient sur la popularité de l’animal star de la Chine (© Nippon.com)

Petite histoire du quartier chinois de Yokohama

Yokohama n’était autrefois qu’un petit village de pêche, avant d’être désigné comme l’un des cinq ports ouverts du Japon en 1858, ce qui a été l’évènement catalyseur d’une impressionnante expansion. De nombreux marchands occidentaux se sont établis dans le quartier étranger de Yokohama, et avaient besoin d’interprètes qui pouvaient communiquer avec les commerçants locaux en utilisant l’écrit. Il y avait une population d’environ 1 000 résidents chinois en 1868, et, alors que les travailleurs qualifiés et les hommes d’affaires s’installaient progressivement à Yokohama, une communauté chinoise a commencé à se former dans un coin du quartier des étrangers.

Quand le système de « colonies étrangères » a cessé en 1899, des lois ont été mises en place pour limiter les emplois que les Chinois pouvaient exercer en dehors de ces quartiers précédemment délimités. Les restaurants chinois, tolérés par ces lois, ont augmenté en nombre. La population a progressivement augmenté, mais le quartier chinois a grandement souffert de la dévastation causée par le Grand tremblement de terre du Kantô de 1923, qui a causé des destructions, des incendies, et de considérables pertes humaines.

En 1937, le déclenchement d’une guerre totale entre le Japon et la Chine a vu de nombreux résidents retourner dans leur pays, mais beaucoup d’autres, étant nés et ayant passé toute leur vie à Yokohama, ont demeurés en ce lieu. L’horreur des années de guerre a culminé lors du bombardement cataclysmique du quartier de Yokohama par les Alliés en mai 1945, le réduisant à nouveau en ruines. Cependant, la reconstruction d’après-guerre a permis de rapidement renouveler les liens commerciaux avec la Chine.

Le Zenrin-mon (littéralement « la porte des bons voisins ») a été édifié en 1955 avec le mot « Chûkagai » (quartier chinois) écrit à son sommet, ce qui a donné pour la première fois son nom au quartier. C’est la plus connue des portes colorées du quartier. La normalisation des relations diplomatiques avec la Chine en 1972 a apporté un regain d’intérêt envers la culture chinoise, et un nouvel afflux de visiteur. Le Chinatown de Yokohama constitue depuis lors l’une des attractions les plus appréciées de la ville.

(Photo de titre : la porte Zenrin-mon du quartier chinois de Yokohama. Pixta)

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