Quand gourmandise rime avec plaisir

La naissance d’un super-aliment japonais, le « nattô »

Gastronomie

Le nattô : cet aliment fermenté de la nourriture japonaise se reconnaît entre mille, tant à son aspect visqueux qu’à son odeur caractéristique. Si le nattô en rebute plus d’un, les spécialistes, eux, sont unanimes, et vantent ses mille et un bienfaits pour la santé. Intéressons-nous donc à l’histoire de cet aliment et apprenons à le déguster.

Et pour l’apprécier ?

Aujourd’hui, le nattô est devenu une véritable institution nationale et fait littéralement partie de la vie quotidienne des Japonais. Et ils en raffolent. En 2019, les Japonais ont dépensé un montant record de 250 milliards de yens en nattô, soit plus de 4 200 yens par ménage (33 euros), ce qui en dit long sur l’attachement des Japonais aux petites graines fermentées. Le nattô se décline sous différentes formes ; que ce soient des mélanges à base de soja concassé (hikiwari), ou au contraire entiers (tsubu nattô) ou encore du nattô à base de haricots de soja noirs (kuromame). Le nattô est partout, des supermarchés aux plus petites échoppes. Tous offrent une large gamme, certains allant même jusqu’à proposer du nattô moins odorant ou encore, jouant la carte de la tradition, préparé à l’ancienne, avec de la paille de riz.

Le nattô est généralement commercialisé sous forme de petites boîtes de polystyrène à usage unique ou de gobelets en carton, les lots de trois étant ceux qui rencontrent le plus de succès auprès des consommateurs. Inclus également, des sachets individuels de sauce salée et de moutarde de style japonais (karashi). Ainsi, selon ses goûts, chacun peut mélanger le nattô avec des gombo ou okura, des dés de poireaux, des œufs crus ou encore du kimchi… et bien sûr il n’y a pas de bonne ou mauvaise manière de le déguster. Cependant, tout le monde s’accorde à dire que le mélange doit faire ressortir la saveur et la texture du plat. Il est recommandé de remuer le mélange environ 25 fois mais nombreux sont les afficionados qui en préconisent 100 voire plus pour que s’émoustillent leurs papilles.

Le nattô peut se présenter sous forme de barquettes en polystyrène ou de gobelets en carton.
Le nattô peut se présenter sous forme de barquettes en polystyrène ou de gobelets en carton.

Après avoir bien remué, vous obtenez un mélange mousseux et gluant : votre nattô est prêt. Vous pouvez maintenant le déguster en le versant sur du riz ou comme plat d’accompagnement. Par exemple, pourquoi ne pas le déguster avec des nouilles mais attention à ce que les fils du nattô n’envahissent pas les autres plats. Le nattô est extrêmement gluant, c’est donc fortement possible ! Le nattô est aussi délicieux en garniture de sushi ou peut encore ajouter un peu de saveur à un plat de spaghettis ou encore de riz frit. Dans certaines régions, on le consomme sous forme de nattô jiru, une soupe similaire à la soupe miso.

Au rayon de votre supermarché, toute une gamme s’offre à vous. Alors, concassé, entier ou noir ; lequel choisirez-vous ?
Au rayon de votre supermarché, toute une gamme s’offre à vous. Alors, concassé, entier ou noir ; lequel choisirez-vous ?

Le nattô existe ailleurs aussi

Beaucoup ont tendance à croire que le nattô se mange exclusivement au petit déjeuner. En fait, il n’en est rien puisque selon un sondage réalisé en 2019 par la Fédération japonaise des sociétés coopératives de nattô, dont le nom peut paraître quelque peu obscur, près de 70 % des personnes interrogées réservent le nattô pour le dîner. Autre idée reçue : les habitants de l’ouest du Japon détestent le nattô. En fait, non. Les principales préfectures consommatrices de nattô sont certes plutôt situées dans ou dans le nord-est du Japon, où cet aliment fait depuis longtemps partie de l’alimentation locale, mais l’image de super-aliment encourage les habitants de l’Archipel tout entier à passer outre l’aspect et l’odeur peu engageants du plat, poussant vers le haut la consommation de tout le pays.

Mais n’allez surtout pas croire que le nattô est unique au Japon ! Le professeur Yokoyama Satoshi de l’université de Nagoya et son équipe ont étudié des cultures culinaires du monde entier, en s’intéressant particulièrement aux haricots fermentés utilisant la nattô-kin dans des régions de l’Asie du Sud-Est, jusqu’au massif de l’Himalaya. On retrouve également des variantes sur le continent africain. Ces versions lointaines de nattô-kin, qui portent des noms tels que pebouk, thua-nao ou encore kinema ont probablement vu le jour indépendamment de la variété japonaise de nattô mais ont de nombreuses techniques de fabrication en commun, telles que l’utilisation de plantes pour la fermentation. Autre similitude et non des moindres : l’odeur et le goût ! Toutefois, contrairement au nattô japonais la plupart des variétés sont séchées (rien à voir avec la texture visqueuse que nous connaissons tous) et sont utilisées pour assaisonner les aliments plutôt que pour être consommées telles quelles.

Dans l’histoire du nattô, difficile de démêler le vrai du faux mais une chose est sûre ; les petites graines fermentées continuent d’écrire leur histoire à mesure qu’elles font de plus en plus d’adeptes, que ce soit pour leurs bienfaits ou tout simplement pour leur saveur unique.

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(Toutes les photos sont de Nippon.com, sauf mention contraire)

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