« Minpaku » : vers une régularisation des locations touristiques illégales au Japon

Économie Société

Une pénurie de chambres d’hôtel due au développement rapide du tourisme

Les grandes villes de l’Archipel souffrent d’une pénurie chronique de chambres d’hôtel en raison de l’augmentation constante du nombre des touristes étrangers. Le taux d’occupation des établissements hôteliers est supérieur à 80 %, ce qui rend les réservations difficiles, et cette situation est devenue la norme dans les centres urbains. En août 2015, les hôtels de Tokyo ont fonctionné à 83,6 % de leur capacité et à Osaka, ce taux a même atteint 90,4 %. À l’heure où la capitale du Japon se prépare à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques de 2020, on est en droit de se demander s’il y aura assez de chambres d’hôtels et de ryokan pour accueillir toutes les personnes qui viendront y assister.

D’après l’Institut de recherches Mizuho, le Japon devrait recevoir vingt-cinq millions de visiteurs par an d’ici 2020. Mais on s’attend aussi à ce que 11 préfectures de l’Archipel, à commencer par ceux de Tokyo, Osaka et Fukuoka, accusent chacun un déficit de quelque 10 000 chambres. De nombreuses voix se sont donc élevées pour demander au gouvernement de lever l’interdiction concernant la location des logements de particuliers aux touristes. Les agences de voyage de Tokyo espèrent vivement que sa réponse sera positive et beaucoup d’entre elles sont déjà prêtes à ajouter le minpaku à leurs activités.

La création de « zones spéciales »

Le gouvernement japonais a lui aussi commencé à réagir. En octobre 2015, la commission gouvernementale sur les zones spéciales stratégiques nationales a décidé de créer des « zones spéciales » notamment dans l’arrondissement d’Ôta, à Tokyo, qui est proche de l’aéroport de Haneda. Elle a en même temps stipulé, entre autres conditions, que les logements loués dans le cadre du minpaku devaient avoir une surface au sol d’au moins 25 m2.

Lors d’une réunion de cette commission, le Premier ministre Abe Shinzô s’est félicité de la création de ces « zones spéciales » parce qu’elles constituent un premier pas vers une réforme qui devrait rendre le séjour des visiteurs étrangers plus facile et plus agréable.

À peu près au même moment, la préfecture d’Osaka a pris des mesures autorisant la pratique du minpaku, à condition que les propriétaires vérifient les passeports de leur hôtes, que les locaux loués aient une superficie d’au moins 25 m2, avec une cuisine et l’air conditionné, et que les locataires effectuent sur place un séjour d’au moins 7 jours. Malgré ces progrès indéniables, beaucoup de questions restent encore en suspens. On peut se demander par exemple comment se fera le contrôle des passeports et si les touristes disposés à rester au moins une semaine seront très nombreux.

Au mois de novembre, le ministère de la Santé et le ministère du Tourisme japonais ont commencé à préparer une réglementation concernant la sécurité et l’hygiène dans ce type de location, de façon à réduire les problèmes posés par la pratique du minpaku. Ils ont prévu de publier un rapport au cours de l’année 2016.

Minpaku

Nombre estimé des touristes étrangers venus au Japon 20 millions en 2015 ⇒ 25 millions en 2020
Taux d’occupation des chambres d’hôtel en août 2015 70,2 % au niveau national
83,6 % à Tokyo
90,4 % à Osaka
Références de locations touristiques japonaises sur Airbnb 16 000
un chiffre multiplié par cinq en un an
Conditions liées à la pratique du minpaku dans la préfecture d’Osaka 1. Vérification des passeports des locataires
2. Surface au sol de 25 m2 au minimum, avec cuisine et air conditionné
3. Durée du séjour minimale de sept jours
(D’après un texte original en japonais de Murakami Naohisa du 14 décembre 2015. Photo de titre : des touristes chinois font du shopping dans le quartier de Ginza, à Tokyo, le 14 juin 2015. Jiji Perss.)
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