En voiture ! À la découverte du tout nouveau Shinkansen Hokuriku

Société Tourisme

La nouvelle ligne du Shinkansen Hokuriku

La ligne du Shinkansen Hokuriku qui relie Nagano à Kanazawa entre en service le 14 mars 2015. Il y a quelques semaines, des représentants de la presse ont été conviés à un voyage d’essai. Le 5 février, ils ont pris place à bord d’une rame des trains W7 de JR West (le réseau de chemin de fer japonais de l’Ouest) qui ont été spécialement conçus pour la nouvelle ligne. Et ils ont eu droit à un voyage aller-retour de Kanazawa, la capitale de la préfecture d’Ishikawa, à Nagano, chef-lieu de la préfecture éponyme.

Le train a quitté en douceur la gare de Kanazawa à 9 h 56 du matin. Il a ensuite commencé à accélérer rapidement. Quand il a traversé le premier tunnel, huit minutes après le départ, il roulait déjà à vive allure – 260 kilomètres à l’heure, sa vitesse maximum – sans que les passagers ressentent la moindre secousse ou une quelconque vibration.

Au second tunnel, le nouveau Shinkansen est entré dans la préfecture de Toyama. Il a ensuite fait un premier arrêt dans la ville de Toyama, où il est arrivé 25 minutes après son départ de Kanazawa.

Un parcours spectaculaire

D’après JR West, la nouvelle ligne du Shinkansen Hokuriku se compose d’environ 40 % de tunnels. Mais la partie du trajet située dans la préfecture de Toyama se déroule pour l’essentiel à l’air libre, au milieu de paysages particulièrement pittoresques. En hiver, les passagers des trains W7 peuvent ainsi admirer les sommets enneigés de la chaîne de Tateyama. Les meilleurs places pour voir les montagnes se trouvent à gauche dans le sens Tokyo-Kanazawa et à droite, quand le train roule vers la capitale japonaise.

La ligne du Shinkansen Hokuriku comporte de nombreux tunnels pendant la traversée des contreforts de la chaîne de Tateyama et de la fameuse passe rocheuse d’Oyashirazu qui se trouve non loin d’Itoigawa.

Au sortir de la gare de Kurobe-Unazuki Onsen, les tunnels se font à nouveau plus nombreux. La ligne se trouve en effet à proximité de la chaîne de Tateyama et de la fameuse passe rocheuse d’Oyashirazu, où la montagne tombe à pic dans la mer, après quoi elle longe la mer du Japon avant d’atteindre la gare d’Itoigawa, puis d’entrer dans la préfecture de Niigata.

Le train s’éloigne ensuite du littoral et il traverse encore une grande quantité de tunnels. Les choses changent à nouveau quand on arrive à proximité de la gare de Jôetsu-Myokô. Les voyageurs découvrent de magnifiques sommets, en particulier le mont Myôkô. Et s’ils ont la chance de faire le trajet pendant l’hiver, ils pourront contempler les paysages enneigés de Jôetsu, un des endroits du Japon où les chutes de neige sont les plus abondantes.

Le Shinkansen Hokuriku passe enfin par une autre série de tunnels dont le dernier – et le plus long – aboutit dans la préfecture de Nagano. À 11h 30, la rame arrive en gare de Nagano, 1 heure et 34 minutes après avoir quitté Kanazawa.

Wa no mirai, le design futuriste de Ken Okuyama

Le premier tronçon de la ligne Shinkansen Hokuriku, qui relie Takasaki à Nagano, a été construit à l’occasion des XVIIIe Jeux olympiques d’hiver de Nagano, en février 1998. À l’époque, on lui a donné le nom de Shinkansen Nagano. L’inauguration a eu lieu peu avant les JO, en octobre 1997. La ligne a ensuite changé de nom lorsqu’elle a été prolongée jusqu’à Kanazawa et la région du Hokuriku. Le Shinkansen Hokuriku emprunte le tronçon Tokyo-Takasaki de la ligne Shinkansen Jôetsu. Les voyageurs n’ont pas à changer de train, mais les compétences de JR West se limitent à la partie de la ligne qui va de Kanazawa à la nouvelle gare de Jôetsu-Myôkô. C’est JR East (le réseau de chemin de fer japonais de l’Est) qui assume ensuite la responsabilité des opérations, jusqu’à Tokyo. Depuis que les chemins de fer japonais (JNR) ont été privatisés, en 1987, ils se sont scindés en deux entités distinctes, JR West et JR East. Le Shinkansen Hokuriku sera exploité en partenariat par les deux compagnies ferroviaires, étant entendu qu’il y aura un changement systématique du conducteur et du personnel naviguant à la gare de Nagano.

Les nouvelles rames W7 – appelées E7 par JR East – ont été mises au point conjointement par les deux compagnies. Elles ont confié à Okuyama Kiyoyuki le soin de les dessiner. Celui-ci – plus connu à l’étranger sous le nom de Ken Okuyama – a été le premier designer automobile d’origine non-italienne à concevoir un véhicule pour Ferrari. Pour le Shinkansen Hokuriku, il a élaboré un nouveau concept, celui de wa no mirai (l’avenir de wa) qui allie l’esthétique traditionnelle japonaise (wa) avec celle, plus fonctionnelle et futuriste, des technologies de pointe. La teinte dominante qu’il a choisie pour les nouveaux trains est un blanc ivoire agrémenté de bandes bleues et brun cuivré. Le bleu rappelle la couleur du ciel du Hokuriku et le cuivre, celle des objets d’artisanat de cette partie de l’Archipel.

L’aménagement intérieur et les sièges font eux aussi référence à différentes facettes de la région. « Nous avons voulu familiariser les voyageurs avec les lieux qu’ils traversent », explique Tanaka Norikazu responsable du département des trains de JR West. « Nous avons donc utilisé des coloris et des motifs liés à l’artisanat traditionnel de Kanazawa, Toyama et Takaoka. »

Gran Class : une première classe luxueuse

Les rames du Shinkansen Hokuriku se composent de douze voitures réparties en trois classes – Gran class (première classe), Green car (deuxième classe) et Standard class (classe économique). Chaque train a une capacité totale de 934 places assises. Le wagon de Gran Class, placé en tête du train, contient 18 sièges spacieux qui rappellent ceux de la première classe des compagnies aériennes. Les voitures de la nouvelle ligne sont plus larges que celles de la plupart des autres trains et elles se composent en général de rangées compactes de quatre (pour la Green car) à cinq sièges (pour la Standard class). Mais dans la première classe du Shinkansen Hokuriku, il n’y a que 18 places disposées en rangées de trois (deux d’un côté, un de l’autre), ce qui donne beaucoup d’espace aux passagers. Outre qu’ils sont recouverts de cuir véritable, les sièges peuvent s’incliner automatiquement jusqu’à 45° et ils comportent un repose-pieds et une lampe de lecture. Un personnel attentif est là pour veiller à ce que les passagers ne manquent de rien.

Dans les luxueuses voitures de première classe du Shinkansen Hokuriku, le confort ne se limite pas aux sièges. Un personnel attentif propose aux voyageurs des repas légers préparés avec des produits locaux de saison, des boissons régionales, des journaux et des revues ainsi que divers accessoires, entre autres des chaussons et des masques pour les yeux.

Les dix voitures de classe économique, qui composent l’essentiel de chaque rame W7, sont elles aussi plus spacieuses et confortables que dans les autres Shinkansen. L’espace entre les rangées de sièges comporte six centimètres de plus que dans les trains à grande vitesse Asama qui assurent la liaison entre Tokyo et Nagano. Chaque siège est par ailleurs équipé d’une prise électrique permettant aux voyageurs de recharger tranquillement leurs téléphones, smartphones, ordinateurs et autres appareils électroniques durant le trajet.

Les équipements sanitaires des rames de la nouvelle ligne Shinkansen Hokuriku ont fait elles aussi l’objet de la plus grande attention. Une voiture sur deux comporte des toilettes à bidet (Washlet) avec lunette chauffante et il y a également deux WC pour les voyageurs à mobilité réduite dans chaque train.

Un gain de temps considérable

Jusqu’à présent, il n’y avait pas de liaison ferroviaire directe entre Tokyo et Kanazawa. Il fallait près de quatre heures pour effectuer ce trajet, sans compter les correspondances entre le Shinkansen Jôetsu et les trains des lignes locales. Avec l’ouverture de la ligne Shinkansen Hokuriku, il ne faudra plus que deux heures et demie pour aller de Tokyo à Kanazawa, et deux heures au lieu de trois pour se rendre de la capitale japonaise jusqu’à Toyama. Un gain de temps que les municipalités et les habitants de la région du Hokuriku attendaient avec beaucoup d’impatience.

La nouvelle ligne devrait amener chaque année quelque cinq millions de visiteurs en provenance de Tokyo dans la préfecture d’Ishikawa et ceux des environs. Les autorités locales espèrent par ailleurs que le nombre des touristes venus de l’étranger doublera pour atteindre le chiffre annuel de 500 000. Une fois à Kanazawa, les voyageurs auront la possibilité de rejoindre Kyoto en un peu moins de deux heures et demie, en utilisant un service de trains express. « Nous voulons faire du trajet Tokyo-Kanazawa-Kyoto un nouvel itinéraire privilégié de découverte du Japon pour les touristes du monde entier », explique Ônishi Hiroaki qui travaille au bureau du tourisme international de la préfecture d’Ishikawa.

Les autorités de la préfecture de Fukui, qui jouxte celle d’Ishikawa, comptent beaucoup elles aussi sur le Shinkansen Hokuriku pour donner un coup de fouet au tourisme. La municipalité d’Eiheiji, où se trouve le fameux temple éponyme de la secte zen Sôtô, a fait preuve d’un vif intérêt pour la nouvelle ligne. « Nous voulons attirer davantage de visiteurs en provenance de Tokyo » affirme Nakaya Takahiro, l’un de ses employés.

L’impact du nouveau Shinkansen sur les communautés locales

La revue américaine Travel and Leisure a inclus la gare de Kanazawa dans la liste des plus belles gares du monde.

La gare de Kanazawa a été relookée avec le plus grand soin en vue de ses nouvelles fonctions. On y a construit une vaste structure en verre appelée « Dôme de bienvenue » (Motenashi dome) et une imposante « Porte du tambour » (Tsuzumi mon). Les panneaux d’information qui bordent les accès au Shinkansen sont garnis de tissus imprimés avec la technique traditionnelle du Kaga yûzen  et de papiers japonais (washi) de Futamata réalisés à la main. La salle d’attente est, quant à elle, décorée avec 236 objets en porcelaine de Kutani et en laque de Wajima, ce qui permettra aux touristes de découvrir 30 formes d’artisanat local différentes. Enfin la partie supérieure des 60 colonnes sur lesquelles repose le toit qui surplombe les quais est ornée de lambris dorés dans le style de l’artisanat traditionnel de Kanazawa. Pour réaliser ce superbe décor, il a fallu quelque 20 000 feuilles d’or dont l’éclat illumine l’espace où arriveront et partiront chaque jour les voyageurs.

L’ouverture de la nouvelle ligne du Shinkansen Hokuriku a coûté pas moins de 83 milliards de yens (620 millions d’euros) aux autorités préfectorales et locales. Celles-ci devront par ailleurs faire face à quantité de problèmes, entre autres la gestion et la rentabilité des lignes ferroviaires locales. L’avenir dira si l’arrivée du Shinkansen dans la région du Hokuriku aura un effet positif sur son économie en attirant un grand nombre de touristes, en particulier de l’étranger.


Le wagon de Standard class


Le wagon de Standard class


Motenashi dome de la gare de Kanazawa


Eibô-kun, mascotte de la municipalité d’Eiheiji


Hokuriku Shinkansen



Sur le quai de la gare de Kanazawa



La chaîne de Tateyama vue de la voiture du Hokuriku Shinkansen


La chaîne de Hida vue de la gare de Kurobe-Unazuki Onsen


La mer du Japon près de la gare de Itoigawa


Près de la gare de Jyôetsu-Myôkô


Arukuma, mascotte de l’office de tourisme de Nagano


Le wagon de Gran Class


Le wagon de Gran Class


Le wagon de Green Car


Le wagon de Green Car

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