« Miai » : le mariage arrangé au Japon
Vie quotidienne- English
- 日本語
- 简体字
- 繁體字
- Français
- Español
- العربية
- Русский
Des rencontres organisées par un intermédiaire
Avant que le mariage d’amour devienne la norme après la Seconde Guerre mondiale, hommes et femmes au Japon trouvaient leurs conjoints lors de rencontres, les miai (on ajoute souvent le préfixe honorifique « o » devant le terme : o-miai). Ces rencontres formelles étaient organisées par un intermédiaire, le nakôdo : un proche, un supérieur hiérarchique ou simplement quelqu'un du voisinage avec des talents d'intermédiaire. Bien que le miai ne soit plus aussi populaire qu’auparavant, certains Japonais y ont toujours recours aujourd'hui.
On estime que cette pratique a vu le jour durant l'époque de Kamakura (1185-1333). Elle consistait alors en des cérémonies pour marier stratégiquement les membres de l'aristocratie. Elle s'est ensuite peu à peu démocratisée jusqu'à devenir une pratique courante au cours de l'époque d'Édo (1603-1868).
La première procédure du miai consiste à préparer un tsurigaki. Les célibataires désirant trouver un époux – ou leurs parents dans beaucoup de cas –, rédigent une fiche personnelle à laquelle est attachée une photo. Le tsurigaki est remis au nakôdo, qui entreprend des recherches pour trouver un candidat ou une candidate qui correspond au profil. Si le nakôdo estime que deux profils s'associent bien, il remettra aux deux célibataires le tsurigaki de l'autre et leur demandera s'ils veulent se rencontrer.
Dans le cas où l’homme et la femme acceptent de se rencontrer, le nakôdo arrange un rendez-vous, le miai. Les deux candidats sont habituellement accompagnés par leurs parents. La rencontre est souvent tenue dans un hôtel ou un restaurant de luxe, mais il peut aujourd'hui être organisé dans un lieu plus décontracté. Le nakôdo débute la réunion en présentant les deux familles. Il peut également poser aux deux candidats des questions sur leur travail ou leurs passe-temps. L’homme et la femme ont ensuite du temps pour discuter seuls.
Suite à cette première rencontre, les candidats sont libres de décider s'ils veulent se revoir ou pas. Dans la plupart des cas, la décision est transmise à l'autre famille à travers le nakôdo. Si le miai mène à un mariage, il est coutume pour les deux familles d'offrir de l'argent au nakôdo en guise de remerciement.
Les agences matrimoniales
Aujourd'hui, il n'y a plus autant de miai que par le passé. C’est dans les années 1960 que, pour la première fois, le pourcentage de mariages d’amour a dépassé celui des mariages arrangés par des miai. Depuis lors, la majorité des célibataires se sont fiés à leur cœur pour trouver un conjoint. Des enquêtes de l'Institut national de recherche sur la population et la sécurité sociale montrent qu'en 1930, 69 % des couples mariés s'étaient rencontrés lors d'un miai (mariages arrangés par agences matrimoniales inclus). Cette proportion est tombée à 5,2 % en 2015.
Pour celles et ceux qui peinent à trouver un conjoint, le miai reste toujours aujourd'hui une option à considérer, qu'il soit traditionnel ou qu'il prenne une forme plus moderne avec les services matrimoniaux en ligne. Les rencontres sont désormais organisées par une agence professionnelle, plutôt qu'à travers un nakôdo comme auparavant.
Dans la plupart des agences, les célibataires doivent payer des frais d'inscription afin de devenir membres et de faire des rencontres qui correspondent à leurs critères. Les plus grandes agences gèrent plusieurs dizaines de milliers de membres. Si une rencontre se concrétise par un mariage, le couple doit souvent s'acquitter de frais s'élevant à des dizaines de milliers de yens.